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Coronavirus : « En France, les éleveurs bovins sont excédés d’être saignés à blanc »

Matières premières. La lente strangulation des éleveurs bovins se poursuit, et même s’intensifie depuis le début de la crise liée au coronavirus. Le confinement a aggravé l’asphyxie financière de ces agriculteurs. « La situation est catastrophique », constate Bruno Dufayet, porte-voix de cette filière en tant que président de la Fédération nationale bovine (FNB). « Depuis le confinement, le prix payé au producteur a encore baissé de 10 centimes le kilo, alors qu’il était en moyenne à 3,5 euros le kilo quand nos coûts de production atteignent 4,6 euros le kilo. C’est intolérable », dit-il, en sonnant l’alarme.Lire aussi  Coronavirus : près de 150 000 volontaires pour aider les agriculteurs

La colère croît d’autant plus que les arguments avancés par les industriels – Bigard en tête – et la grande distribution pour justifier ces prix non rémunérateurs leur semblent infondés. Bien sûr, la restauration collective et commerciale a fermé ses portes, et attend toujours l’heure de la réouverture. Mais sur ces marchés, le bœuf est importé à près de 70 %. Surtout, semaine après semaine, les éleveurs constatent que les ventes de steaks hachés frais ou surgelés, et de viande de bœuf fraîche bondissent dans les rayons des supermarchés.

Rare front syndical

Autre indicateur observé de près : le rythme d’abattage des bovins. Il reste très soutenu. Rien de comparable avec la situation aux Etats-Uis, où le Covid-19 s’est répandu dans les abattoirs, obligeant des établissements à suspendre leur activité. Au point que Donald Trump a signé, mardi 28 avril, un décret ordonnant à ces usines où bovins, volailles et cochons passent de vie à trépas, de rester ouvertes. L’enjeu : éviter la rupture d’approvisionnement pour les consommateurs.

En France, les éleveurs bovins, excédés d’être saignés à blanc, ont décidé, eux, de faire la grève de l’abattoir. La FNB, émanation de la FNSEA, rejointe, dans un rare front syndical, par la Confédération paysanne, incite les éleveurs à retenir leurs bêtes à la ferme tant qu’ils n’obtiennent pas un prix rémunérateur. Un duel engagé après avoir été déboutés par le ministère de l’agriculture de leur demande de fixation d’un prix minimum.

Dans ce contexte tendu, la Commission européenne s’est félicitée, mercredi, de la finalisation d’un accord commercial avec le Mexique validant l’importation de 20 000 tonnes de viande bovine. « On nous explique que plus rien ne sera comme avant. Mais le monde d’après le Covid-19 continue comme avant », tempête Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA. Les nerfs des éleveurs bovins sont à vif…Notre sélection d’articles sur le coronavirus

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